Un nouveau référendum en vue de l’adoption d’une nouvelle constitution : quels impacts pour les citoyens guinéens ?

Le 21 septembre 2025, les citoyens guinéens seront appelés aux urnes pour se prononcer sur un projet de Nouvelle Constitution. Cette démarche s’inscrit dans le processus de refondation de l’État entamé par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) depuis sa prise du pouvoir en septembre 2021. À travers ce référendum, les autorités de la transition ambitionnent de poser les bases d’une nouvelle gouvernance, censée répondre aux aspirations profondes du peuple guinéen.

Mais au-delà des discours officiels et des intentions affichées, ce projet de nouvelle constitution soulève d’importants débats, suscite interrogations et parfois méfiance. Quels changements majeurs sont envisagés ? En quoi cette nouvelle loi fondamentale impactera-t-elle la vie des citoyens ? Quels sont les différents scénarios envisageables, tant sur le plan politique, social qu’économique ? Et surtout, quels rôles les citoyens peuvent-ils jouer dans cette phase décisive pour l’avenir du pays ?

Cet article propose une analyse approfondie des enjeux du référendum constitutionnel, dans le but d’éclairer les citoyens et les encourager à une participation réfléchie, responsable et active.

I. La constitution : socle de la vie politique et sociale d’une nation

La constitution est la loi fondamentale qui régit l’organisation et le fonctionnement de l’État. Elle définit les droits et devoirs des citoyens, les principes de gouvernance, les rapports entre les institutions, ainsi que les valeurs sur lesquelles repose la nation. Modifier ou adopter une nouvelle constitution est donc un acte politique majeur, qui engage durablement la société tout entière.

En Guinée, la question constitutionnelle a souvent été au centre des crises politiques. De la constitution de 1990 à celle controversée de 2020, les réformes constitutionnelles ont parfois été perçues comme des instruments au service d’ambitions personnelles, plus que des réponses à des besoins collectifs.

**II. Les motivations officielles derrière le projet de nouvelle constitution**

Selon le CNRD et le Conseil National de la Transition (CNT), cette nouvelle constitution vise à :

1. Refonder les institutions pour les rendre plus légitimes, efficaces et redevables.
2. Garantir une meilleure séparation des pouvoirs.
3. Renforcer l’État de droit, la justice et la protection des droits humains.
4. Promouvoir la décentralisation et la participation citoyenne.
5. Poser les bases d’un développement équilibré et inclusif.

Le projet est présenté comme l’un des piliers du processus de refondation prôné depuis l’arrivée du CNRD au pouvoir, aux côtés de la moralisation de la vie publique, la lutte contre la corruption, et la réconciliation nationale.

III. Les grandes lignes attendues du projet constitutionnel

Bien que le texte définitif ne soit pas encore rendu public, plusieurs pistes ont été évoquées lors des consultations nationales et des débats au CNT :

– Limitation stricte du nombre de mandats présidentiels.
– Interdiction de modification de la constitution par voie parlementaire sur les questions fondamentales.
– Renforcement du pouvoir judiciaire.
– Création de mécanismes de contrôle citoyen.
– Affirmation plus claire des droits économiques et sociaux (santé, éducation, logement).
– Accent sur la décentralisation et l’autonomie locale.

IV. Les différents scénarios post-référendum

1. Scénario 1 : Adoption massive du texte et retour rapide à l’ordre constitutionnel
   Ce scénario présuppose une large adhésion des citoyens au texte proposé. Il permettrait un retour rapide à l’ordre constitutionnel avec des institutions plus crédibles. Toutefois, la mise en œuvre effective des nouvelles règles reste un défi majeur.

2. Scénario 2 : Rejet massif ou taux de participation très faible
   Ce scénario fragiliserait la transition et ouvrirait la voie à une crise politique. Le CNRD pourrait être tenté de prolonger son pouvoir, ou d’imposer un texte modifié, ce qui pourrait éroder la confiance des citoyens.

3. Scénario 3 : Adoption contestée, avec tensions post-référendaires
   Même en cas d’adoption, le processus pourrait être entaché de soupçons de fraudes, de manipulation ou de manque de transparence, créant des tensions politiques et sociales.

V. Les enjeux pour les citoyens guinéens

1. Sur le plan politique :
   – Plus de responsabilité citoyenne dans la désignation des gouvernants.
   – Accès accrus aux instances de contrôle et de rédition des comptes.
   – Protection contre les abus de pouvoir, si les nouvelles institutions fonctionnent effectivement.

2. Sur le plan économique et social :
   – Une constitution axée sur les droits sociaux peut favoriser l’accès à des services essentiels.
   – La stabilité politique issue d’une constitution légitime peut encourager les investissements.

3. Sur le plan culturel et identitaire :
   – Affirmation de la diversité et du respect des communautés locales.
   – Reconnaissance de la culture comme levier de développement.

VI. Les risques et limites à anticiper

– Une adoption formelle sans véritable changement structurel.
– L’utilisation du référendum comme instrument de légitimation sans réformes réelles.
– Le retour à des pratiques autoritaires si les garde-fous institutionnels sont faibles.
– L’exclusion de certaines voix dans le processus (opposition, diaspora, société civile).

VII. Le rôle crucial des citoyens dans ce processus

Les citoyens ne doivent pas être de simples spectateurs. Leur rôle est crucial à plusieurs niveaux :

– S’informer de manière critique sur le contenu du projet.
– Participer activement aux débats publics et consultations.
– Exercer leur droit de vote de façon libre et consciente.
– Veiller à l’application effective des dispositions constitutionnelles une fois adoptées.

Vers une citoyenneté active et responsable

Le référendum du 21 septembre 2025 représente une étape cruciale dans l’histoire politique contemporaine de la Guinée. Au-delà du vote lui-même, c’est l’opportunité pour chaque citoyen de s’interroger sur le type de société qu’il souhaite construire, et sur les valeurs qu’il veut voir au cœur de la gouvernance.

La nouvelle constitution ne prendra sens que si elle est portée par une volonté populaire sincère et une exigence permanente de justice, de transparence et de participation. Il est donc temps pour les citoyens guinéens de se préparer, de se positionner et d’agir. L’avenir de la nation en dépend.

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